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Femmage : Irène Kaufer, notre sorcière tant aimée

Une personnalité importante vient de disparaître alors qu’elle avait encore tant à dire et à faire dans les nombreux domaines qui l’animaient et dont le féminisme était une dimension permanente.

Une sorcière vraiment pas comme les autres ! (Photo : Florence Gérard)
Une sorcière vraiment pas comme les autres ! (Photo : Florence Gérard)

Certaines personnes qui ne connaissaient pas bien Irène Kaufer ont pu être rebutées par un abord parfois rude, ses opinions affirmées et sa manière incisive de les asséner. Au point parfois de la qualifier de sorcière. Ces personnes ignoraient deux choses. D’abord, le terme, loin de lui déplaire, renvoyait à une célèbre chanson d’Anne Sylvestre dont l’œuvre était d’une importance considérable pour Irène. Au point qu’elle fit partie du groupe « Pour un concert d’Anne Sylvestre à Bruxelles » qui réussit à la faire revenir dans notre capitale le 11 octobre 2014. Le groupe avait failli récidiver mais le concert prévu le 12 septembre 2020 fut reporté à cause de ce fichu Covid, puis définitivement annulé, la chanteuse nous ayant quittés peu après. L’autre caractéristique d’Irène qu’ignoraient ceux qui n’allaient pas plus loin que le premier contact, c’est qu’elle pouvait être mordante avec ses ami.e.s également. Pas de langue de bois, pas de brosse à reluire. Ce qui fait que lorsqu’elle vous adressait un « compliment », il avait un prix inégalable. Et qu’elle avait un malin plaisir à s’affubler elle-même du nom de sorcière mais, une sorcière vraiment pas comme les autres !

Mais Irène n’était pas que franche. C’était d’abord et avant tout un esprit libre. Pas de chapelle, pas de dogme. Elle se trouvait souvent là où on ne l’attendait pas. Avec une vraie culture du débat. LE féminisme, elle savait bien que ça n’existait pas. Comme LA gauche. Ou LE syndicalisme. Tous ces mouvements sont divers et riches de leur diversité. Mais, même quand on sait cela, Irène était surprenante. Ce n’est pas pour rien que, outre sa contribution permanente à la revue féministe Axelle, elle a fourni de nombreuses contributions du type « Chroniques », par exemple dans Politique (Café Carabosse) ou « Humeurs » dont elle était pour notre revue Ensemble ! l’une des partenaires régulières. Elle a aussi écrit des chansons et des livres.

Irène était d’abord et avant tout un esprit libre

Ce femmage (oui oui on a féminisé le mot hommage) peut sembler un peu anecdotique. C’est vrai. Mais c’est voulu. Pour parler d’une compagne de route, l’aspect sec de l’article nécrologique, de la biographie ne nous inspirait pas. Il n’aurait pas été pertinent non plus de lâcher la bride à nos émotions. Et puis, surtout, avec Valérie Lootvoet, directrice de l’Université des Femmes, nous avions, il y a trois ans, dressé le portrait de militante d’Irène. Si vous voulez mieux connaître son parcours atypique, comment elle s’est construite et quels ont été ses engagements, nous vous invitons à relire ces neuf pages que nous lui avions consacrées dans Ensemble ! n° 100. (Interview disponible ici).

Ses amies ont eu la bonne idée, au sortir des funérailles, de nous remettre la traditionnelle carte souvenir sous forme d’un signet. Nous pourrons marquer les pages de nos lectures comme elle a marqué notre parcours humain et militant…

Un signet pour marquer les pages de nos lectures comme elle a marqué notre parcours humain et militant.
Un signet pour marquer les pages de nos lectures comme elle a marqué notre parcours humain et militant.

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