dossier élections 2024

Qui défend l’aide aux plus démunis?

En cette matière, comme dans d’autres, le programme du MR se démarque de l’ensemble des partis politiques francophones.

Concernant le droit à l’aide sociale, les réponses des partis se répartissent parfaitement sur un axe gauche-droite. A droite toute, le MR. Tout comme c’est le cas en matière de chômage, c’est le seul parti qui ne s’oppose pas à une régionalisation et se dit favorable à un renforcement de « la responsabilisation financière des entités en matière d’emploi ». Entendons par là que les CPAS (ou les régions ?) qui auraient de moins bons résultats en termes de mise à l’emploi verraient leur financement fédéral diminuer. Bref, il s’agit de donner plus aux CPAS (ou aux régions ?) qui peuvent plus facilement atteindre des résultats positifs en termes de mise à l’emploi, et moins aux autres. Transposé aux écoles, cela reviendrait à moins bien financer les écoles qui accueillent les élèves les plus en difficultés. On imagine les résultats d’une telle politique pour les CPAS qui accueillent le public le plus fragilisé.

Le MR, à droite toute

Le programme du MR explicite leur position : « A terme, le revenu d’intégration (RI) doit être remplacé par le revenu de remplacement de base, qui prévoit l’obligation d’un parcours individuel d’insertion socioprofessionnel. Afin de responsabiliser les CPAS, le taux de remboursement devra être lié à l’existence de ce parcours et aux résultats obtenus. […] Il pourrait ainsi être utile, pour responsabiliser les CPAS, de conditionner la part fédérale du RI aux résultats obtenus par le CPAS dans la réalisation et le succès du PIIS (Projet individualisé d’intégration sociale) des bénéficiaires. […] Le MR veut stimuler la performance du secteur de l’activation (Forem, Actiris, CPAS, etc.) en liant de manière systématique le financement à la mise à l’emploi effective. ». (1) Il en est de même concernant le fait de porter les allocations au-dessus du seuil de pauvreté et de supprimer le taux cohabitant. Tous les partis interrogés se disent favorables à ces mesures, sauf le MR qui ne se dit pas partisan d’une revalorisation des allocations et qui conditionne la suppression du statut cohabitant à « d’autres réformes en matière de Sécurité sociale ». Il prône, à l’inverse, une réforme restrictive des ressources exonérées pour le calcul du RI octroyé, à laquelle tous les autres partis semblent opposés, avec la nuance que le PS ne se positionne pas clairement sur le sujet et que Les Engagés se contentent d’indiquer qu’ils ne sont « pas demandeurs » d’une telle réforme.

Concernant la contractualisation de l’aide sociale (PIIS), le MR veut que celle-ci soit renforcée, DéFi et Les Engagés veulent la maintenir telle qu’elle existe, tandis que le PTB, le PS et Ecolo veulent supprimer toute sanction liée à celle-ci.
Enfin, concernant la création d’un fonds, à charge des politiques de l’emploi régionales ou fédérales, qui financerait la mise au travail temporaire dans le cadre d’un dispositif similaire à « l’article 60 » de personnes actuellement non couvertes par l’assurance chômage, qui ne remplissent pas les conditions pour bénéficier du RI, elle reçoit un accueil mitigé. DéFi s’y dit favorable. Ecolo dit qu’il lui semble « intéressant d’y réfléchir ». Les Engagés et le MR laissent entendre qu’ils pourraient y être favorables. Le PTB ne se positionne pas vraiment, tout comme le PS, qui renvoie à sa proposition de Territoires zéro chômeur de longue durée. La question de la création d’un dispositif ciblé de réouverture des droits sociaux à travers l’emploi à destination des personnes qui n’ont ni droit au chômage ni à l’aide du CPAS semble donc à ce stade un impensé pour les partis de gauche.

(1) MR, Programme général 2024.

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