dossier élections 2024

Qui veut résister à l’Europe néolibérale ?

Accepter ou rejeter la gouvernance austéritaire européenne ? Élargir l’UE ou le socle de protections sociales ?

Les réponses des partis politiques témoignent d’un malaise des partis de gauche par rapport à l’Union européenne et au caractère néolibéral de ses politiques. Ce caractère néolibéral ne pose pas de problème au MR. Le PTB s’y oppose frontalement, mais on peine à apercevoir comment il propose de traduire efficacement son «  choix de la rupture » vis-à-vis de l’UE, si ce n’est en évoquant l’utilisation par la Belgique de son droit de veto, qui existe dans certains domaines de la politique européenne. Il en va de même pour le PS et pour Ecolo qui ne sont pas demandeurs de « ruptures » mais bien de réformes des politiques européennes. Ils peinent toutefois à convaincre qu’il s’agit d’autre chose que des vœux pieux qui masquent mal une capitulation effective. L’éphémère blocage du CETA par la région wallonne paraît avoir été un acte de résistance sans lendemains, qui n’a pas initié une rébellion structurée contre les politiques néolibérales de l’UE. Quant au débat sur l’opportunité de nouveaux élargissement de l’UE, il est quasi inexistant, y compris au PTB. Comme si cela pouvait être sans conséquences pour notre modèle social.

Beaucoup de «  souhaits »

Seul le MR est inconditionnellement favorable à la gouvernance budgétaire européenne. DéFi et Les Engagés souhaiteraient un assouplissement qui en exonère les dépenses d’investissement. Le PS et Ecolo se disent favorables à une réforme de cette gouvernance et à modifier les missions de la Banque Centrale Européenne. Le PTB indique qu’il s’oppose tant aux anciennes qu’aux nouvelles règles budgétaires européennes.
Concernant le détachement intra-européen de travailleurs, pour le MR, Les Engagés et DéFi, il n’est pas question de s’y opposer. Le PS propose d’imposer une série de balises : limiter la période de détachement classique en Belgique à six mois, soumettre les entreprises faisant appel à des travailleurs détachés à l’ensemble des conditions de travail applicables en Belgique et prévoir le paiement des cotisations de Sécurité sociale dans le pays de détachement. Ecolo ne répond pas à la question. Le PTB ne répond pas non plus directement à la question mais évoque l’introduction d’un principe de non-régression : «  seules les mesures garantissant des progrès sociaux, démocratiques et environnementaux seront acceptées », sans expliquer comment ce principe devrait être appliqué.

Les réponses portant sur l’élargissement de l’UE révèlent des positionnements des partis qui ne correspondent pas directement au classement prévalant généralement sur l’axe gauche-droite. Le MR et Ecolo affichent des positions de principes favorables à l’élargissement de l’UE. Les Engagés n’y manifestent aucune opposition. Le PTB indique que son programme « ne préconise pas l’élargissement de l’UE » mais ne dit pas qu’il s’y oppose. Le PS et DéFi semblent s’accorder pour conditionner les élargissements à une harmonisation sociale à la hausse. Mais comment entendent-ils faire valoir de telles exigences ? Sont-ils prêt à prôner des refus d’adhésion et des vetos belges, wallons ou bruxellois ?
L’idée d’instaurer des droits de douane supplémentaires selon des critères sociaux et écologiques semble recevoir un meilleur accueil. Le PS, Ecolo, Les Engagés et DéFi la partagent. Le PTB indique qu’elle ne figure pas dans leur programme, mais qu’ils la trouvent intéressante. Quant au MR, il ne s’y oppose pas ouvertement mais semble très flou dans ce qu’il est réellement prêt à soutenir : « l’inclusion dans le prix des biens et services du coût réel des externalités négatives, notamment environnementales  ». Il est vrai que, menacés par la puissance industrielle chinoise, Trump et puis Biden ont pris, ces dernières années, des mesures pour protéger leur économie bien éloignées du dogme libéral du libre-échange que l’UE continue à prôner.

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